LA TAPISSERIE AU XIV° SIÈCLE                        27
savoir : quatre tapis pour le lit, un pour dossier et deux pour sommiers.
On pourrait induire du nombre de ces tapis que les fournisseurs étaient plutôt des marchands que des fabricants. Cette conclusion serait peut-être exagérée. Des exemples catégoriques nous montre­ront bientôt avec quelle rapidité les artisans du moyen âge venaient à bout des tâches les plus longues. Les lenteurs de nos contempo­rains nous permettent difficilement de croire à une pareille promp­titude. Il est vrai que le décor dans ce temps-là est rarement com­pliqué.
À dater de 1355, les documents font subitement défaut. Les comptes des années suivantes ne nous sont pas parvenus.
Dans les derniers temps du règne de Jean IL apparaît le nom d'un tapissier qui mérite une place à part parmi ses contempo­rains. Nicolas Bataille figure, à l'occasion de l'imposition mise sur les métiers de Paris pour.la rançon du roi de France, parmi les chefs de la corporation. Il est nommé en compagnie d'Etienne Muette et de Henry Hardi, dont la trace se perd complètement après cette brève mention, tandis que nous verrons Nicolas Bataille pour­suivre le cours de ses travaux et de ses succès jusqu'à la fin du xive siècle.
Une circonstance particulière donne à ce maitre une importance exceptionnelle. Nicolas Bataille, en effet, est l'auteur d'une des rares tapisseries du xive siècle qui nous soient parvenues, et cette ten­ture est un ouvrage des plus considérables et des plus originaux, ll s'agit de la suite de V Apocalypse exposée dans la cathédrale d'An­gers. On s'est beaucoup occupé depuis quelques années de cet important monument. Nous avons eu la bonne fortune d'en décou­vrir l'auteur, et nous avons pu reconstituer pendant une période de vingt - cinq années presque toutes les étapes de la vie de Bataille. Les détails que nous avons exposés ailleurs sont trop longs pour trouver place ici. Il suffira de résumer les résultats désormais ac­quis et de dire en quelques lignes ce que fut la carrière d'un tapis­sier renommé vers la fin du xrve siècle.
Après 1363, notre homme ne reparait plus qu'en 1373, les docu­ments faisant défaut pour cet intervalle de dix années. Il reçoit alors la somme de vingt francs pour « six tappis d'oeuvre d'Arras ».
Déjà Bataille est parvenu à l'apogée de sa réputation, car il va bientôt entreprendre des travaux considérables. Comme il meurt,